
Je plante le décor : Une route de campagne, allée passante. Au milieu de la route, une cagette recouverte d'un sac poubelle tenu par des tendeurs... Les voitures passent régulièrement sur la cagette et des enfants, qui observent la scène sur bas côté, rient, sautent et applaudissent...
Une habitante des lieux remarque leur manège ; intriguée, elle s'interpose et veut comprendre... Résumons, en évitant le macabre et le spectaculaire... Suffoquant et pleurant, elle me déposa la fameuse cagette sur la table de la cuisine, en disant entre deux sanglots : Que moi seule "saurait" me débrouiller avec cela !" Le sang coulait de partout... La cagette contenait une portée, nombreux, de merveilleux croisés de siamois, Arwen était l'un d'eux et elle n'a dû sa survie qu'à sa position dans la cagette, tout à fait au bond extérieur très excentré...
Juste une de ces pattes avant avait été touchée par une roue de voiture... Gangrène, infection, multiples opérations, angoisses, émotions, tout le monde voulait l'euthanasier... Je n'ai pas baissé les bras, un de mes vétos y a cru et a tenté l'ultime opération avec intrusion de métal dans la patte et m'a permis de payer à mon rythme... Nous avons gagné... Comme souvent avec les chats, Arwen, condamnée, n'a survécu que parce que je voulais qu'elle vive... Nous étions fusionnelles et nos regards se dévoraient l'un l'autre. Inséparable, on ne voyait jamais l'une sans l'autre... C'était il y a quinze ans, c'était hier, je n’oublierais jamais... C'est comme si ça c'était passé la semaine dernière... Je me revois extraire ma petite Arwen, ensanglantée, tremblante, terrifiée, qui
me regardait à la fois avec un effroi inouï et une envoûtante douceur. Un abandon total, émouvant et désarment... Ses yeux "mouillant" comme disant Jacques Brel, me disait vraiment "fait ce que tu veux de moi"...

Quinze ans après, je suis toujours sous le charme...
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